Les origines du blason de Royan
Son histoire récente débute le 13 décembre 1945. Suite à une demande émanant de Monsieur Robert Louis, agissant pour le compte du service historique de l'Armée, Royan lui adresse un « croquis à peu près exact du blason de la ville » et en donne la description.
Mais c'est par une délibération en date du 19 février 1952 que le Conseil Municipal fixe officiellement les armoiries de Royan. La décision a été motivée par le fait que la Ville ne « possédait pas d'armoiries officiellement reconnues ».
Le choix du blason se basait sur les faits suivants :
Délibération du 19 février 1952
Le Conseil Municipal
Considérant que les Coëtivy furent au XVème siècle les Seigneurs de Royan,
Considérant qu'en 1501 la Seigneurie de Royan passa, par mariage, de la maison de Coëtivy à celle des La Trémoïlle et qu'elle fut érigée en marquisat (1592) puis en duché, par lettre patente, en 1807,
Vu l'avis de M. l'Archiviste départemental qui, consulté sur l'intérêt présenté par la commission des armoiries des Coëtivy et des La Trémoïlle pour fournir celles de Royan, répondit que cette combinaison était « un procédé parfaitement légitime et même recommandé »
Demande que le Conseil du Sceau de France, sur l'avis du Conseil d'Etat et du Ministère de la Justice, arrête que les armoiries de la Ville de Royan et communs qui en dépendent seront décrits comme suit à l'Armorial des Villes de France et de l'Union Française :
Parti au premier Fascé d'Or et de Sable de six pièces (parti Coëtivy)
Au deuxième d'Or au chevron de gueules accompagné de trois aiglettes d'azur becquées et membrées de gueules - 2 et 1 (parti La Trémoïlle) avec un listel au bas de l'écusson et la devise « Ne m'oubliez » des La Trémoïlle.
Ce document a ensuite été approuvé par l'autorité de tutelle le 13 mai 1952.
Le chapitre n'en était cependant pas clos pour autant. Il semble que c'est seulement « à la suite de la parution de l'Encyclopédie Quillet que la ville, en 1952, a adopté de nouvelles armoiries ». Monsieur Quillet avait, en effet, adressé à Royan un croquis qui donnait « une idée à peu près exacte du blason de la ville de Royan », sachant qu'elle « n'avait pas d'armoiries lui appartenant en propre » et « qu'elle a emprunté celles de ses anciens seigneurs en les combinant ».
Délibération du 16 octobre 1964
Cependant, en 1964, il est apparu que « les armes de la ville n'étaient pas totalement conformes aux lois héraldiques ». De plus, « le blason ne portait aucune couronne ni soutien ».
La Ville de Royan apporte donc de nouvelles modifications au blason, soumises au préalable à Monsieur de Tupigny, « héraldiste reconnu et, par ailleurs, président de la commission qui devait officialiser ces armes ». Monsieur Georges Guiraud, Grand Prix de Rome de gravure, est chargé, quant à lui, de sa réalisation.
Le conseil municipal décide donc de se conformer aux règles héraldiques.
Le blason tel qu'il est alors proposé au conseil, le 16 octobre 1964, et adopté par l'assemblée :
Coupé au premier
Parti a/Fascé d'Or et de Sable de six pièces qui est Coëtivy Parti b/ d'Or au chevron de gueules accompagné de trois aiglettes d'azur, becquées et membrées de gueule qui est La Trémoïlle Au deuxième
D'Azur au galion d'or équipé et gréé du même, voguant sur une mer d'argent, mouvant de la pointe Couronne navale
Soutien : deux branches de pin au naturel
Devise : « Ne m'oubliez »
Tout semblait maintenant dit. Pourtant, il faillit y avoir un nouveau rebondissement. En effet, le Directeur des Services d'Archives Départementales, consulté par le Préfet au sujet de ce fameux blason, émit un avis plutôt défavorable quant à son aspect esthétique. Mais cette appréciation étant toute personnelle et le Directeur confirmant, par ailleurs, que les règles d'héraldisme avaient été respectées, le blason de Royan fut définitivement adopté.
Un peu d'histoire
La famille Coëtivy
De petite noblesse bretonne, elle ne dut sa fortune qu'à sa parenté avec l'un des favoris de Charles VII. En 1432, l'aîné, Prégent, écarté de la Cour par La Trémoïlle, enleva ce dernier. Soutenu par Charles d'Anjou, Prégent et ses complices exigèrent et obtinrent de Charles VII son « approbation ». Prégent, nouveau favori du roi, fit alors nommer son frère, Olivier, capitaine de Saintes.
En 1434, Prégent de Coëtivy est conseiller et chambellan de Charles VII. En 1435, celui-ci enlève Dieppe et en devient gouverneur. L'année suivante, il s'empare de Crotoy. Devenu gouverneur de La Rochelle puis, en 1439, amiral de France, capitaine de Saintes, il est fait comte de Taillebourg en 1442.
Il reçoit mission de veiller à l'éducation des trois filles de Charles VII et de sa favorite, Agnès Sorel. Son frère Olivier fit ainsi connaissance de l'aînée, Marie. En 1450, il est armé chevalier pour ses hauts faits de guerre. La même année, Prégent meurt, tué par un boulet de canon au siège de Cherbourg.
En 1451, Olivier, capitaine de Talmont, rejoignit l'armée de Dunois lors de la campagne de Guyenne. Il négocia la reddition de Bordeaux. Il est ensuite nommé Sénéchal de Guyenne et gouverneur de Bordeaux.
En 1458, il épousa Marie, fille de Charles VII et d'Agnès Sorel. Le roi, outre une dot de 12 000 écus, lui offre les seigneuries de Royan et Mornac ainsi que le château de Champdolent. La même année, Charles VII reconnaissait Marie comme sa fille naturelle et lui donnait le nom de Valois, avec les armes de France mais traversée par une barre indiquant la bâtardise.
La famille de La Trémoïlle
Louise de Coëtivy, fille d'Olivier et Marie, épousa en 1501 Charles de La Trémoïlle qui devint ainsi baron de Royan. En 1562 le château appartient à François de La Trémoïlle, catholique. Le huguenot François de Pons s'en empare. Pendant toute la deuxième moitié du XVIème siècle, la ville change alors souvent de mains. En 1592, la baronnie est érigée en marquisat. En 1622, Philippe de La Trémoïlle, marquis de Royan, épouse Madeleine de Champrend, comtesse de Royan. C'est à cette époque que la ville, protestante, est prise d'assaut par Louis XIII et le château démantelé.
En 1821, la poétesse Amable Tastu (1798-1885) dans le livre La Chevalerie Française, à la gloire de
Louis II de la Trémoille, attribue la devise « Ne m’oubliez » à Jean de la Trémoille (1377-1449), seigneur de Jonvelle, chevalier de la Toison d’Or.
Un an avant son décès, Marie Anne de La Trémoïlle (1676-1708) cède le Marquisat de Royan à son cousin, Antoine-François de La Trémoille (1652-1733). Le roi érige alors, en avril 1707, le Marquisat en Duché. Il meurt sans postérité.